Mes lectures

Les passeurs de livres de Daraya, Delphine Minoui

Seuil, 2017
160 pages
Document, témoignage, lutte, livres, Syrie, guerre, liberté, culture
❤ Coup de cœur ❤

Daraya est assiégée par Damas de 2012 à 2016 et durant cette période de siège, au milieu de bombes et attaques au gaz, un groupe de jeunes révolutionnaires regroupe les livres retrouvés dans les ruines pour créer une bibliothèque.

« Il faut désormais trouver un lieu pour les stocker. Les protéger. Préserver cette petite miette du patrimoine Syrien avant qu’il ne parte en fumée. Après concertation générale, un projet de bibliothèque publique voit le jour. Sous Assad, Daraya n’en a jamais eu. Ce serait donc la première. » p.18

J’ai lu ce livre dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle et je suis enchantée de cette découverte. Il s’agit d’un document poignant qui parle de courage, de lutte et de soif de liberté et de connaissances. Ce témoignage est très bien écrit, on y découvre l’horreur de la guerre, la lutte pour la liberté et le courage de ceux qui refusent de plier face au régime. A travers les conversations et liens que l’auteure a pu tisser avec les révolutionnaires, elle appréhende la réalité de leur quotidien, leur cause et leur dévouement et arrive à nous le retranscrire avec force et simplicité.

J’ai aimé :

  • la très belle réflexion sur la Syrie que nous apporte ce livre. Souvent vu comme le pays en guerre mais aussi le pays de Daech et des terroristes, ici une autre voix s’élève et nous parle de gens qui luttent avec pacifisme et respect. La ville de Daraya est décrite comme berceau du terrorisme par le pouvoir et ici, une autre vision est donnée. Daraya est en lutte certes, mais elle lutte de façon pacifique et se bat avec comme arme la connaissance. Ces hommes veulent savoir et faire savoir, c’est pour cela qu’ils filment ce qu’ils voient, ce qui leur arrive, afin de témoigner.
  • la profonde humanité des gens que l’on rencontre par l’intermédiaire de l’auteure. N’ayant jamais eu de bibliothèque et voulant avoir accès au savoir, ces jeunes qui sont privés d’éducation par le siège, s’organisent pour récupérer dans les décombres, tous les livres qu’ils peuvent. Mais ces livres ne sont pas les leurs, et ils se renseignent pour savoir à qui ils appartiennent afin de noter le nom du propriétaire à l’intérieur et pouvoir restituer les livres quand le conflit prendra fin. Cette considération, ce respect des autres et de leurs biens, en plein milieu de l’enfer de leur quotidien sous les bombes, m’a profondément touché et bouleversé. Ils manquent de tout, ils manquent de l’essentiel et c’est pourtant les livres qu’ils cherchent à récupérer, c’est de connaissance qu’ils se nourrissent et de romans pour s’évader un peu de l’horreur du quotidien ou y ajouter un peu de beauté.

« Les livres, ces sédiments de la mémoire qui défient les carcans. Du temps. De l’asservissement. De l’ignorance. » p.29

Un document percutant et bouleversant qui nous rappelle l’importance de l’humanité et du civisme, de la culture et de la connaissance en toutes circonstances.
Un livre coup de cœur que je ne peux que recommander !

Je vous souhaite de belles lectures 🙂

3 réflexions au sujet de « Les passeurs de livres de Daraya, Delphine Minoui »

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